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HISTORIQUE.

berté avec trois autres pièces. Victor Hugo a été convaincu, car quelques mois après, le 6 octobre, il expose ses intentions à Lacroix : « Mon cher éditeur, je serai à Guernesey le 15 octobre, et vous y pourrez venir par conséquent le 15 novembre. Du reste, je vous écrirai. Je suis au moment de partir à Guernesey, je vous donnerai tous les détails que vous souhaitez, et ils vous seront d’autant plus utiles que nous serons plus près de la publication. Le Théâtre en liberté sera publié par séries. Chaque volume aura un titre spécial. La première série (un volume) sera intitulée la Puissance des faibles, et contiendra quatre comédies, deux en vers et deux en prose, qui, à elles quatre, forment six actes. »

Il y avait évidemment Mangeront-ils ? et la Grand’mère, quant aux comédies en prose, elles étaient à peine esquissées, il n’y avait pas de scènes ou de fragments de scènes.

Victor Hugo était alors absorbé par son roman l’Homme qui rit, qu’il devait achever seulement l’année suivante le 3 août 1868. Il envoyait à Lacroix la première partie de son manuscrit le 21 novembre et la fin au début de janvier 1869. Ainsi, depuis avril 1867 jusqu’à 1869, il avait dû abandonner son Théâtre en liberté. C’est en janvier 1869, lorsqu’il est libéré de son roman, qu’il a une sorte de fièvre de théâtre, car il termine Margarita, il écrit l’Épée, du 21 janvier au 24 février, puis Esca, du 11 mars au 4 avril ; et, avec Margarita, comédie, et Esca, drame, il constitue les Deux Trouvailles de Gallus ; et peut-être la fable du coq, du grain de mil et de la perle, mentionnée dans un fragment de Maglia, vers 1850, ne fut-elle pas étrangère à la conception de cette pièce ? Cette fois, il possédait les éléments d’un volume ou d’une première série du Théâtre en liberté. Aussi, le 19 avril, au moment où paraissait l’Homme qui rit, il s’empressait d’annoncer sur la couverture :

Pour paraître prochainement :
LE THÉÂTRE EN LIBERTÉ
drames et comédies.
DIEU
poème.
LA FIN DE SATAN
poème.

Victor Hugo commençait le 1er mai Torquemada, qu’il achevait le 21 juin, parce qu’il avait sans doute l’intention de l’introduire dans une des séries du Théâtre en liberté.

Un petit drame en cinq scènes, Welf, castellan d’Osbor, terminé le 22 juillet, avait sa place, à côté de l’Épée, dans le Théâtre en liberté. Mais plus tard, quand Victor Hugo prépara sa seconde série de la Légende des Siècles, il songea à publier dans un même livre : Welf et l’Épée. Nous avons retrouve cette note dans ses papiers :

Un dernier mot.

Ce n’est pas sans intention que l’auteur a placé au commencement de ce livre Welf et à la fin Slagistri. L’espèce d’écho que ces deux poèmes se renvoient, si on l’écoute attentivement, est un cri : Liberté !

Puis Victor Hugo se décida à réserver Welf pour la seconde série de la Légende des Siècles et l’Épée pour son recueil de théâtre.

Le Prologue, daté du 26 juillet 1869, devait servir de préface. Si les Deux Trouvailles de Gallus entraient dans le Théâtre en liberté, ce n’était pas pour longtemps ; car, en 1870, Victor Hugo avait décidé, comme le prouve une de ses notes[1], que les Deux Trouvailles de Gallus formeraient le livre dramatique des Quatre Vents de l’Esprit. Mais, au moment où

  1. Voir l’historique des Quatre Vents de l’Esprit.