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LA FORÊT MOUILLÉE.

La fable avait son prix. Mais l’homme est un barbon,
Diable ! à présent, l’esprit humain porte perruque,
Et notre raison branle une tête caduque.
Croire aux nymphes est bête. Il faut être réel.

Rêvant.

— Vivre comme l’ours, grave et seul, avec le ciel,
À la bonne heure ! Au diable Anna, Toinon, Lisette,
Madame la marquise et mam’zell’ la grisette,
La femme en bloc ! les yeux noyés, les yeux fripons !
Ouragan, ouragan, emporte les jupons !
Délivre-nous ! — Je hais la femme en théorie.
Sa fidélité fait rire ma rêverie.
Son cœur compte dix, vingt, trente, cent ; jamais un.
Elle achète au coiffeur pour deux sous de parfum.
Elle est blanche ? un accès de colère : elle est bleue.
Dans ses cheveux se tord le serpent fausse queue.
L’été vient ; triste fleur, le soleil l’enlaidit,
Les taches de rousseur la rouillent. Elle dit :
Je sue. Elle est trop grasse ou trop maigre. Cet ange
Crotte ses bas. C’est faux, c’est perfide. Ça mange.
La portière le soir lui glisse des billets.
Ô seules belles, fleurs, seules vierges ! œillets,
Pervenches, lys, muguets, jonquilles, pâquerettes,
Dont le seul papillon touche les collerettes,
Yeux purs qui vous ouvrez dans l’ombre au bleu matin,
Douces fleurs, je ne veux aimer que vous.

CHŒUR DES FLEURS.

Douces fleurs, je ne veux aimer que vous. Crétin !

UNE PIERRE.

Fossile !

L’ÂNE.

Fossile ! Âne !

UNE GRENOUILLE.

Fossile ! Âne ! Crapaud !

LES FLEURS.

Fossile ! Âne ! Crapaud ! Porte ailleurs tes semelles !

DENARIUS.

Soyez mes femmes, fleurs.