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THÉÂTRE EN LIBERTÉ.

Radieuse, superbe, et mise en liberté,
N’en a que plus de joie avec plus de beauté.
Mais, Christ ! il n’en est pas ainsi de ce qu’on nomme
De ce mot effrayant et noir, l’honneur d’un homme !
Madame, quand un fils d’une ancienne maison
Souille par quelque fuite ou quelque trahison
Son vieux nom qui faisait les bannières plus blanches,
Quand un chêne s’abat avec toutes ses branches,
Quand un baron s’écroule avec tout son passé,
L’empereur songe, pâle et le sourcil froncé,
Les soldats sous la tente ont de sinistres rêves,
Ce cri : malheur ! malheur ! sort du fourreau des glaives,
Les donjons sur les monts en parlent mécontents,
Et la chevalerie en retentit longtemps.
Un homme flétri fait une race ternie,
Et tout le vieil éclat n’est plus qu’ignominie.
Le félon sent l’opprobre habiter sous son toit,
Et, s’il regarde au mur de son manoir, il voit,
Spectres que le vent pousse avec de sourds murmures,
Tous ses aïeux pendus aux clous de leurs armures.
À côté de mon nom, qu’est-ce que votre cœur ?

MARGARETHA.

Vous n’avez jamais eu de femme ni de sœur !



Date inconnue