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THÉÂTRE EN LIBERTÉ.

ZINEB.

Ne crains plus les sergents…

AÏROLO.

Ne crains plus les sergents… Je hais cette séquelle.

À part.

Mais, c’est égal, s’il est une chose à laquelle
Je ne croirai jamais, c’est à ce plumeau-là.

ZINEB, montrant la plume.

Nul malheur ne peut plus t’arriver. — Garde-la.
Les puissants sont forcés de prendre ta défense.
Tu dois vivre cent ans.

AÏROLO, à part.

Tu dois vivre cent ans. Bon. Elle est en enfance.

À Zineb.

Pour l’homme la police et pour l’oiseau la glu.
C’est le danger.

ZINEB.

C’est le danger. Jamais avant le temps voulu.
Ce talisman te met à l’abri.

Elle retombe sur la dalle.

Ce talisman te met à l’abri. Je défaille.
Sous ma tête une pierre, à mes pieds la broussaille.

AÏROLO, à part, lui arrangeant sous elle le tas de ronces et de gravas.

Bordons-la.

ZINEB.

Bordons-la. Couvre-moi d’un suaire de fleurs.

Il jette des fleurs sur elle. Elle continue, l’œil fixé dans la lumière,
au-dessus de sa tête.
Je vais donc m’envoler ! je vais donc être ailleurs !

Ah ! je vais savourer, de moi-même maîtresse,
La fauve volupté de mourir, et l’ivresse,