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Tous deux ont pris la fuite, et depuis cet esclandre
L’aurore a vu trois fois du fond des bois descendre
La biche menant boire au lac ses jeunes faons ;
Autrement dit, voilà trois jours que ces enfants,
Entendant derrière eux gronder votre tonnerre,
Sont venus se blottir chez ce saint qu’on vénère.
Je comprends leur terreur ; vous êtes en courroux,
Vous êtes amoureux et roi, vous êtes roux.
Diable !

LE ROI, crispant les poings.

Diable ! Oh !

MESS TITYRUS, montrant le connétable et les archers.

Diable ! Oh ! Vous faites peur, avec ce connétable
Et ce tas d’alguazils de mine épouvantable.
Ainsi Phébus, devant Jupiter, se sauva.

LE ROI, au connétable.

Fais le guet dans le bois avec tes hommes. Va.

Sortent le connétable et les archers.
MESS TITYRUS, montrant le cloître.

Sire, là sont cachés les tourtereaux rebelles.
Cette église est un lieu d’asile. Lois fort belles !
Un voleur qui de meurtre et de sang se repaît,
Qui s’évade, et qui veut franchir ce parapet,
Est mort, s’il saute mal, et sauvé, s’il enjambe ;
Et l’on est innocent pourvu qu’on soit ingambe.

Paraît au delà du mur Aïrolo. Face maigre et hardie. Beaucoup de cheveux.
L’œil brillant. Pieds nus. Des haillons. Un hérissement jovial.

Ce mur garde et défend le fuyard éperdu.

Mess Tityrus montre alternativement au roi les deux côtés
de la muraille d’enceinte.

Là, je suis imprenable ; ici, je suis pendu.

Mess Tityrus franchit le parapet et entre dans l’enceinte.
Le roi y entre après lui.
AÏROLO, désignant Mess Tityrus, à part.

Tu parles bien. J’y vais faire aussi mon entrée.