Aucun de tous ces maux épars ne te rejoint!
Quoi! voyant les vivants passer, tu ne sens point
Que tu tiens par ton ombre à tous ces noirs fantômes!
Ah! tu croises tes mains! Ah! tu chantes des psaumes!
Ah! tu vas et tu viens de l'autel à la croix,
De cet amas de pierre à ce morceau de bois!
Mais c'est l'isolement! Or, quand tout penche, croule
Et périt, le devoir, vieillard, c'est une foule!
Le devoir innombrable, implacable, inclément,
Est dans la conscience un noir fourmillement!
Le devoir vous arrache au cloître, aux solitudes,
Et vous crie: au secours! pensez aux multitudes!
Pensez au genre humain! ne dormez plus! allez!
Ces petits enfants, ciel! être à jamais brûlés!
Toutes ces femmes, tous ces vieillards, tous ces hommes,
Tous ces esprits, tomber aux hurlantes Sodomes!
Courez! sauvez à coups de fourche ces maudits,
Et faites-les rentrer de force au paradis!
Vieillard, voilà pourquoi nous sommes sur la terre.
Ta loi, c'est la clarté; ma loi, c'est le mystère.
Tu n'es que l'espérance, et je suis le salut. J'aide Dieu.
Depuis quelques instants un homme est apparu sur le seuil de la porte. Il est vieux aussi, et barbe grise. Il tient un épieu à la main, et il a au cou une croix à trois branches. Il est vêtu d'un habit de chasse tout en brocart d'or, et coiffé d'un haut bonnet d'or à trois cercles de perles. Il a un cor à la ceinture. Il a entendu les dernières paroles de François de Paule et écouté celles de Torquemada. Il éclate de rire. François de Paule et Torquemada se retournent.
Scène III
Par ma foi, tous mes joueurs de luth
Ne m'amuseraient pas, fils, plus que vous ne faites.
Je viens de vous entendre avec plaisir. Vous êtes
Deux idiots. J'étais en bas, et je chassais.
J'ai planté là les chiens, les pièges, les lacets,
Et j'ai dit: Allons donc là-haut voir ce bonhomme.
J'arrive. Ah! vous m'avez diverti! Mais, en somme,