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Je le jure. Mais, tiens, je fais mieux; je te donne
Un chapeau d'or valant cent marcs pour ta madone,
Et six grands chandeliers d'argent, d'un prix égal.
Vous saurez tout.
Baissant la voix.
Doha Sancha de Portugal,
Au temps où vous et moi, monseigneur, étions jeunes,
Doria Sancha pour qui nous prions dans nos jeûnes,
Étant femme du roi de Burgos, lui donna
Un fils qu'elle eut d'un page appelé Gorvona.
Le roi se crut le père, ayant en grand estime
Sa femme, et ce bâtard fut de droit légitime.
Il hérita du trône, en eut tous les profits,
Puis se maria, puis mourut, laissant un fils,
Qui, tout enfant, passa pour mort d'une mort prompte.
Cette mort fut un rapt du cardinal vicomte
Qui fit prendre et cacher dans ce fief béarnais
Le petit roi don Sanche.
Oui, je le devinais.
Regardant au dehors, pendant que le prieur marmotte des prières.
C'est mon enfant! le fils de mon fils! Oh! je n'ose
Y croire encor. Je sens s'éveiller quelque chose
Que je ne savais pas avoir en moi, le coeur.
Coup de foudre béni! choc subit et vainqueur!
Moi qui haïssais, j'aime. O mon fils! Je m'enivre
D'être père. A présent, c'est la peine de vivre.
O délivrance! j'ai rompu mon dur lien.
Je vivais pour le mal, je vivrai pour le bien.
Ma conscience noire errait comme la louve,
Je croyais avoir tout perdu. Ciel! je retrouve
Tout! Je suis père, aïeul! Oh! je puis désormais
D'en bas sourire aux purs et radieux sommets,
Jeter furtivement un regard vers la cime
Où, né de mon fumier, croîtra ce lys sublime,