Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome III.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SIMON RENARD.

Il serait temps cependant d’en finir avec Fabiani. Vous allez épouser mon royal maître le prince d’Espagne, madame.

LA REINE.

Si le prince d’Espagne n’est pas content, qu’il le dise, nous en épouserons un autre. Nous ne manquons pas de prétendants. Le fils du roi des Romains, le prince de Piémont, l’infant de Portugal, le cardinal Polos, le roi de Danemark et lord Courtenay sont aussi bons gentilshommes que lui.

SIMON RENARD.

Lord Courtenay ! lord Courtenay !

LA BEINE.

Un baron anglais, monsieur, vaut un prince espagnol. D’ailleurs lord Courtenay descend des empereurs d’Orient. Et puis, fâchez-vous si vous voulez !

SIMON RENARD.

Fabiani s’est fait haïr de tout ce qui a un cœur dans Londres.

LA REINE.

Excepté de moi.

SIMON RENARD.

Les bourgeois sont d’accord sur son compte avec les seigneurs. S’il n’est pas mis à mort aujourd’hui même comme l’a promis votre Majesté…

LA REINE.

Eh bien ?

SIMON RENARD.

Il y aura une émeute des manants.

LA REINE.

J’ai mes lansquenets.

SIMON RENARD.

Il y aura complot des seigneurs.

LA REINE.

J’ai le bourreau.

SIMON RENARD.

Votre Majesté a juré sur le livre d’heures de sa mère qu’elle ne lui ferait pas grâce.