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femme. Je vous demande un peu ce qu’elle vient faire ici ! Tenez, le cœur de la femme est une énigme dont le roi François Ier a écrit le mot sur les vitraux de Chambord :

Souvent femme varie,
Bien fol est qui s’y fie.

Écoutez, maître Éneas, nous sommes anciens amis. Il faut que cela finisse aujourd’hui. Tout dépend de vous ici. Si l’on vous charge… (Il parle bas à l’oreille de maître Éneas.) Traînez la chose en longueur, faites-la manquer adroitement. Que j’aie deux heures seulement devant moi ce soir, ce que je veux est fait, demain plus de favori, je suis tout-puissant, et après-demain vous êtes baronnet et lieutenant de la Tour. Est-ce compris ?

MAÎTRE ÉNEAS.

C’est compris.

SIMON RENARD.

Bien. J’entends venir. Il ne faut pas qu’on nous voie ensemble. Sortez par là. Moi, je vais au-devant de la reine.

Ils se séparent.



Scène III.

UN GEÔLIER entre avec précaution, puis il introduit LADY JANE.
LE GEÔLIER.

Vous êtes où vous vouliez parvenir, mylady. Voici les portes des deux cachots. Maintenant, s’il vous plaît, ma récompense. (Jane détache son bracelet de diamants et le lui donne.)

JANE.

La voilà.

LE GEÔLIER.

Merci. Ne me compromettez pas. (Il sort.)

JANE, seule.

Mon Dieu ! comment faire ? C’est moi qui l’ai perdu, c’est à moi de le sauver. Je ne pourrai jamais. Une femme, cela ne peut rien. L’échafaud ! l’échafaud ! c’est horrible ! Allons, plus de larmes, des actions. — Mais je ne pourrai pas ! je ne pourrai pas ! Ayez pitié de moi, mon Dieu ! On vient, je crois. Qui parle là ? Je reconnais cette voix. C’est la voix de la reine. Ah ! tout est perdu !

Elle se cache derrière un pilier. — Entrent la reine et Simon Renard.