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le bailli d’Amont ont saisi l’homme. Il a déclaré avoir été poussé à ce crime par lord Clanbrassil.

FABIANI.

Par moi ? Cela n’est pas. Oh ! mais voilà une chose affreuse ! Cet homme n’existe pas. On ne retrouvera pas cet homme. Qui est-il ? où est-il ?

LA REINE.

Il est ici.

GILBERT,
sortant du milieu des soldats derrière lesquels il est resté caché jusqu’alors.

C’est moi.

LA REINE.

En conséquence des déclarations de cet homme, nous, Marie, reine, nous accusons devant la chambre aux étoiles cet autre homme, Fabiano Fabiani, comte de Clanbrassil, de haute trahison et d’attentat régicide sur notre personne impériale et sacrée.

FABIANI.

Régicide, moi ! c’est monstrueux ! Oh ! ma tête s’égare, ma vue se trouble ! Quel est ce piège ? Qui que tu sois, misérable, oses-tu affirmer que ce qu’a dit la reine est vrai ?

GILBERT.

Oui.

FABIANI.

Je t’ai poussé au régicide, moi ?

GILBERT.

Oui.

FABIANI.

Oui ! toujours oui ! malédiction ! C’est que vous ne pouvez pas savoir à quel point cela est faux, messeigneurs ! Cet homme sort de l’enfer. Malheureux, tu veux me perdre, mais tu ignores que tu te perds en même temps. Le crime dont tu me charges te charge aussi. Tu me feras mourir, mais tu mourras. Avec un seul mot, insensé, tu fais tomber deux têtes, la mienne et la tienne. Sais-tu cela ?

GILBERT.

Je le sais.

FABIANI.

Mylords, cet homme est payé…

GILBERT.

Par vous. Voici la bourse pleine d’or que vous m’avez donnée pour le crime. Votre blason et votre chiffre y sont brodés.