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tu me montres les papiers ! Je ne veux pas les regarder. Ah ! une femme te trahit, et tu fais le généreux ! À ton aise. Je ne suis pas généreuse, moi ! j’ai la rage et la haine dans le cœur. Je me vengerai, et tu m’y aideras. Mais cet homme est fou ! il est fou ! il est fou ! Mon Dieu ! pourquoi en ai-je besoin ? C’est désespérant d’avoir affaire à des gens pareils dans des affaires sérieuses !

GILBERT.

J’ai votre parole de reine catholique. Lord Clanbrassil a séduit Jane, il l’épousera !

LA REINE.

Et s’il refuse de l’épouser ?

GILBERT.

Vous l’y forcerez, madame.

JANE.

Oh ! non ! ayez pitié de moi, Gilbert !

GILBERT.

Eh bien ! s’il refuse, cet infâme, votre majesté fera de lui et de moi ce qu’il lui plaira.

LA REINE, avec joie.

Ah ! c’est tout ce que je veux !

GILBERT.

Si ce cas-là arrivait, pourvu que la couronne de comtesse de Waterford soit solennellement replacée par la reine sur la tête sacrée et inviolable de Jane Talbot que voici, je ferai, moi, tout ce que la reine m’imposera.

LA REINE.

Tout ?

GILBERT.

Tout. — Même un crime, si c’est un crime qu’il vous faut ; même une trahison, ce qui est plus qu’un crime ; même une lâcheté, ce qui est plus qu’une trahison.

LA REINE.

Tu diras ce qu’il faudra dire ? tu mourras de la mort qu’on voudra ?

GILBERT.

De la mort qu’on voudra.

JANE.

Ô Dieu !

LA REINE.

Tu le jures ?