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l’amourette plus loin. Rentre chez toi. (Il jette une clef aux pieds de Gilbert.) — Si tu n’as pas de clef, en voici une. Ou, si tu l’aimes mieux, tu n’as qu’à frapper quatre coups contre ce volet, Jane croira que c’est moi, et elle t’ouvrira. Bonsoir. (Il sort.)



Scène VIII.

GILBERT, resté seul.

Il est parti ! il n’est plus là ! Je ne l’ai pas pétri et broyé sous mes pieds, cet homme ! Il a fallu le laisser partir ! pas une arme sur moi ! (Il aperçoit à terre le poignard avec lequel lord Clanbrassil a tué le juif, il le ramasse avec un empressement furieux.) — Ah ! tu arrives trop tard ! tu ne pourras probablement tuer que moi ! Mais c’est égal, que tu sois tombé du ciel ou vomi par l’enfer, je te bénis ! — Oh ! Jane m’a trahi ! Jane s’est donnée à cet infâme ! Jane est l’héritière de lord Talbot ! Jane est perdue pour moi ! — Oh ! Dieu ! voilà en une heure plus de choses terribles sur moi que ma tête n’en peut porter !

Simon Renard paraît dans les ténèbres au fond du théâtre.

Oh ! me venger de cet homme ! me venger de ce lord Clanbrassil ! Si je vais au palais de la reine, les laquais me chasseront à coups de pied comme un chien ! Oh ! je suis fou. Ma tête se brise ! Oh ! cela m’est égal de mourir, mais je voudrais être vengé ! je donnerais mon sang pour la vengeance ! N’y a-t-il personne au monde qui veuille faire ce marché avec moi ? Qui veut me venger de ce lord Clanbrassil et prendre ma vie pour payement ?



Scène IX.

GILBERT, SIMON RENARD.
SIMON RENARD, faisant un pas.

Moi.

GILBERT.

Toi ! Qui es-tu ?

SIMON RENARD.

Je suis l’homme que tu désires.

GILBERT.

Sais-tu qui je suis ?

SIMON RENARD.

Tu es l’homme qu’il me faut.