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FABIANI.
Il tire son poignard de la main droite et le lui enfonce dans la gorge.

Excepté ceci.

L’HOMME.

Oh ! traître !… — À moi !

Il tombe. — En tombant, il jette dans l’ombre, derrière lui, sans que Fabiani s’en aperçoive, un paquet cacheté.
FABIANI, se penchant sur le corps.

Je le crois mort, ma foi ! — Vite, ces papiers. (Il fouille le juif.) — Mais quoi ! il n’a rien ! rien sur lui ! pas un papier, le vieux mécréant ! Il mentait ! il me trompait ! il me volait ! Voyez-vous cela, damné juif ! Oh ! il n’a rien, c’est fini ! Je l’ai tué pour rien ! Ils sont tous ainsi, ces juifs. Le mensonge et le vol, c’est tout le juif ! — Allons, débarrassons-nous du cadavre, je ne puis le laisser devant cette porte. (Allant au fond du théâtre.) — Voyons si le batelier est encore là, qu’il m’aide à le jeter dans la Tamise. (Il descend et disparaît derrière le parapet.)

GILBERT, entrant par le côté opposé.

Il me semble que j’ai entendu un cri. (Il aperçoit le corps étendu à terre sous la lanterne.) Quelqu’un d’assassiné ! — Le mendiant !

L’HOMME, se soulevant à demi.

Ah ! — vous venez trop tard, Gilbert. (Il désigne du doigt l’endroit où il a jeté le paquet.) — Prenez ceci. Ce sont des papiers qui prouvent que Jane, votre fiancée, est la fille et l’héritière du dernier lord Talbot. Mon assassin est lord Clanbrassil, le favori de la reine. — Ah ! j’étouffe. — Gilbert, venge-moi et venge-toi !

Il meurt.
GILBERT.

Mort ! — Que je me venge ? Que veut-il dire ? Jane, fille de lord Talbot ! Lord Clanbrassil ! le favori de la reine ! oh ! je m’y perds ! (Secouant le cadavre.) — Parle, encore un mot ! — Il est bien mort !



Scène VII.

GILBERT, FABIANI.
FABIANI, revenant.

Qui va là ?

GILBERT.

On vient d’assassiner un homme.