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FABIANI.

Insolent !

L’HOMME.

C’est votre conscience qui parle, mylord. Un autre eût pris la vie à la jeune fille, vous lui avez pris l’honneur, et par conséquent l’avenir. La reine Marie est prude, quoiqu’elle ait des amants.

FABIANI.

Cet homme va au fond de tout !

L’HOMME.

La reine est d’une mauvaise santé, la reine peut mourir, et alors, vous favori, vous tomberiez en ruine sur son tombeau. Les preuves matérielles de l’état de la jeune fille peuvent se retrouver, et alors, si la reine est morte, toute déshonorée que vous l’avez faite, Jane sera reconnue héritière de Talbot. Eh bien ! vous avez prévu ce cas-là ; vous êtes un jeune cavalier de belle mine, vous vous êtes fait aimer d’elle, elle s’est donnée à vous, au pis aller, vous l’épouseriez. Ne vous défendez pas de ce plan, mylord, je le trouve sublime. Si je n’étais moi, je voudrais être vous.

FABIANI.

Merci.

L’HOMME.

Vous avez conduit la chose avec adresse. Vous avez caché votre nom. Vous êtes à couvert du côté de la reine. La pauvre fille croit avoir été séduite par un chevalier du pays de Somerset, nommé Amyas Pawlet.

FABIANI.

Tout ! il sait tout ! Allons, maintenant, au fait. Que me veux-tu ?

L’HOMME.

Mylord, si quelqu’un avait en son pouvoir les papiers qui constatent la naissance, l’existence et le droit de l’héritière de Talbot, cela vous ferait pauvre comme mon ancêtre Job, et ne vous laisserait plus d’autres châteaux, don Fabiano, que vos châteaux en Espagne, ce qui vous contrarierait fort.

FABIANI.

Oui ; mais personne n’a ces papiers.

L’HOMME.

Si.