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JOSHUA.

Pardieu ! à force d’entendre causer les prisonniers d’État.

Simon Renard paraît au fond du théâtre.

— Vois-tu, Gilbert, l’homme qui sait le mieux l’histoire de ce temps-ci, c’est le guichetier de la Tour de Londres.

SIMON RENARD, qui a entendu les dernières paroles du fond du théâtre.

Vous vous trompez, mon maître. C’est le bourreau.

JOSHUA, bas à Jane et à Gilbert.

Reculons-nous un peu.

Simon Renard s’éloigne lentement. — Quand Simon Renard a disparu.

— C’est précisément maître Simon Renard.

GILBERT.

Tous ces gens qui rôdent autour de ma maison me déplaisent.

JOSHUA.

Que diable vient-il faire par ici ? Il faut que je m’en retourne vite. Je crois qu’il me prépare de la besogne. Adieu, Gilbert. Adieu, belle Jane. — Je vous ai pourtant vue pas plus haute que cela !

GILBERT.

Adieu, Joshua. — Mais, dis-moi, qu’est-ce que tu caches donc là, sous ton manteau ?

JOSHUA.

Ah ! j’ai mon complot aussi, moi.

GILBERT.

Quel complot ?

JOSHUA.

Oh ! amoureux qui oubliez tout ! je viens de vous rappeler que c’était après-demain le jour des étrennes et des cadeaux. Les seigneurs complotent une surprise à Fabiani ; moi je complote de mon côté. La reine va se donner peut-être un favori tout neuf ; moi, je vais donner une poupée à mon enfant. (Il tire, une poupée de dessous son manteau.) — Toute neuve aussi. — Nous verrons lequel des deux aura le plus vite brisé son joujou. Dieu vous garde, mes amis !

GILBERT.

Au revoir, Joshua !

Joshua s’éloigne. Gilbert prend la main de Jane, et la baise avec passion.