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LE MANUSCRIT
DE
MARIE TUDOR.


Le manuscrit de Marie Tudor est en quelque sorte le brouillon primitif du drame, avec les ratures du texte et les ajoutés de la marge, et l’on peut aussi y suivre les variations, les trouvailles et les repentirs de la pensée du poète. C’est pourtant ce même manuscrit qui a servi à l’impression, comme l’indiquent des avertissements de l’auteur aux compositeurs et les noms de ces compositeurs en haut des pages. Il y manque certaines modifications qui, au cours des répétitions, ont dû être faites sur les épreuves.

L’écriture du manuscrit est fine, allongée, rapide, assez négligée. Le papier, mince, gris pâle, de format moyen, mesure 25 centimètres et demi de hauteur sur 20 et demi de large. Chaque feuillet est écrit recto et verso. Chaque acte est numéroté par lettres, avec chiffre indiquant l’acte. Le volume a été relié en parchemin à Paris sur le modèle des manuscrits reliés à Guernesey.

Le titre général, hâtivement écrit, porte : Marie Tudor. Et au-dessous : 7 août — 1er  7bre 1833. Puis : Joué le 7 9bre 1833.

À la page suivante, le faux titre : Première Journée. — L’Homme du peuple. C’est la première fois que Victor Hugo emploie, au lieu du mot Acte, le mot Journée, qu’il emprunte au théâtre espagnol.

En haut de la première page du drame, la date à laquelle Victor Hugo reprend son travail, légèrement barrée, mais qui semble pourtant bien la date réelle : 12 août 1833.

Après la première scène des seigneurs autour de Simon Renard, un tâtonnement encore. La scène II était d’abord la scène entre Gilbert et Jane ; mais à peine l’auteur en a-t-il écrit une page, il voit que son exposition est encore incomplète et il colle sur la page le commencement de la scène où le bon philosophe bavard Joshua Farnaby achèvera de nous donner les éclaircissements nécessaires.

La fin de la scène du Juif a été biffée sur le manuscrit. Le Juif révélait prématurément à Gilbert que sa fiancée était la maîtresse de Fabiani.

GILBERT.

Où veux-tu en venir, dis ?

L’HOMME.

À ceci. — Gilbert, cette fille que tu as adoptée tout enfant, cette fille que tu as élevée, cette fille pour laquelle tu travailles nuit et jour depuis seize ans, cette fille que tu aimes, cette fille dont tu veux faire ta femme…

GILBERT.

Eh bien ?