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LA REINE.

Monsieur le bailli d’Amont, quel est le nom de ce jeune homme à qui vous parliez tout à l’heure ?

SIMON RENARD.

Oh ! rien du tout, madame. Un aventurier espagnol.

LA REINE.

Mais encore !

SIMON RENARD.

C’est un nommé Fabiano Carascosa, qui se donne pour un cadet de la grande famille de Peñalver. La vérité est qu’il est né au village de Peñalver et qu’il est fils d’un chaussetier.

LA REINE.

Vous n’avez pas l’air de l’aimer ?

SIMON RENARD.

Moi, je lui suis tout dévoué. Je le connais depuis l’enfance. C’est le fils d’un chaussetier.

LA REINE.

Amenez-le-moi.

SIMON RENARD, bas à Fabiano.

Je viens de parler de vous à la reine. Elle vous demande.

FABIANO, bas.

Vous êtes ma providence.

Simon Renard prend Fabiano par la main et le mène à la reine que Fabiano salue profondément.
FABIANO.

Madame…

LA REINE.

Ne tremblez pas, jeune homme. (Se tournant vers la cour.) — Mylords, il me plaît d’introduire parmi vous un des plus nobles gentilshommes de notre oncle l’Empereur, don Fabiano Carascosa des comtes de Peñalver. — Pourquoi n’avez-vous qu’un gant, jeune homme ?

FABIANO.

Madame…

LA REINE.

C’est que l’étiquette d’Espagne ordonne de n’offrir aux reines que la main nue, n’est-ce pas ? et vous aviez prévu que vous donneriez la main à la reine aujourd’hui. Vous êtes hardi, monsieur. Savez-vous qu’il faut être lord anglais pour me donner la main ?