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JOSHUA.

On exécute aujourd’hui lord Clanbrassil.

JANE.

Au fait, c’est aujourd’hui le premier jour de l’année. Et vous ne nous avez rien souhaité à Gilbert et à moi, monsieur Joshua, vous, notre vieil ami ?

GILBERT.

Que veux-tu qu’il nous souhaite, Jane ? Peut-il souhaiter plus de beauté à la fiancée et plus d’amour au fiancé ? ne sommes-nous pas bien heureux ?

JANE.

Oui, Gilbert, et bien pauvres.

GILBERT, à part.

Hélas ! elle a toujours cette pensée !

Il va au fond du théâtre et s’accoude, pensif, sur la balustrade de la galerie comme s’il regardait au dehors. Jane et Joshua restent seuls sur le devant du théâtre.
JOSHUA, à Gilbert.

À propos, à quand la noce ?

GILBERT, sans se détourner.

Dans trois mois ; je veux laisser à Jane le temps de réfléchir.

JOSHUA.

Voilà un homme qui vous aime, Jane !

JANE.

Oui, et je l’aime aussi. — Mais nous sommes bien pauvres.

JOSHUA.

Jane ! savez-vous ce que c’est que cet homme qui vous aime ?

JANE.

Belle question ! c’est Gilbert le ciseleur, Gilbert mon fiancé, Gilbert mon cousin.

JOSHUA.

C’est votre fiancé, Jane, mais ce n’est pas votre cousin.

JANE.

Que voulez-vous dire ?

JOSHUA.

Écoutez. Pendant qu’il est là tout pensif et tout triste, probablement de quelque parole que vous lui avez dite étourdiment, je vais vous conter une chose secrète.