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du fond, à travers lequel passe une lumière rougeâtre comme s’il y avait derrière une immense fournaise flamboyante. La salle est pavée de dalles tumulaires. Au lever du rideau, on voit se dessiner en noir sur ce drap transparent l’ombre immobile de la reine.


Scène PREMIÈRE.

JANE, JOSHUA.
Ils entrent avec précaution en soulevant une des tentures noires par quelque petite porte pratiquée là.
JANE.

Où sommes-nous, Joshua ?

JOSHUA.

Sur le grand palier de l’escalier par où descendent les condamnés qui vont au supplice. Cela a été tendu ainsi sous Henri VIII.

JANE.

Aucun moyen de sortir de la Tour ?

JOSHUA.

Le peuple garde toutes les issues. Il veut être sûr, cette fois, d’avoir son condamné. Personne ne pourra sortir avant l’exécution.

JANE.

La proclamation qu’on a faite du haut de ce balcon me résonne encore dans l’oreille. L’avez-vous entendue, quand nous étions en bas ? Tout ceci est horrible, Joshua !

JOSHUA.

Ah ! j’en ai vu bien d’autres, moi !

JANE.

Pourvu que Gilbert ait réussi à s’évader ! Le croyez-vous sauvé, Joshua ?

JOSHUA.

Sauvé ! j’en suis sûr.

JANE.

Vous en êtes sûr, bon Joshua ?

JOSHUA.

La Tour n’était pas investie du côté de l’eau. Et puis, quand il a dû partir, l’émeute n’était pas ce qu’elle a été depuis. C’était une belle émeute, savez-vous !