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HISTORIQUE DE L’HOMME QUI RIT

avec d’autres, plus anciennes, sous le titre : les Années funestes. Et c’est seulement le 27 septembre qu’il signait le traité avec Lacroix, mentionné en ces termes dans ses carnets :

Je lui cède (à Lacroix) pour douze ans le roman en quatre volumes Par ordre du roi, plus 1, 2 ou 3 volumes de théâtre ou de poésie à mon choix, 40,000 francs par volume payés comptant.

Le 7 octobre 1868, Victor Hugo partait pour Guernesey.

Aussitôt arrivé, il s’inquiéta non seulement de la publication de son roman, mais aussi de la rédaction de sa préface. Il ne devait pas se servir des premières ébauches. Les seules notes qui vont suivre, et que nous donnons dans leur disposition exacte, seront utilisées pour sa version définitive. Ici se manifeste, pour la première fois, le scrupule très vif d’enlever à son livre tout caractère d’hostilité contre la pairie anglaise ou de malveillance contre l’Angleterre :

Ce livre, comme on le reconnaîtra en le lisant, n’est en aucune façon dirigé contre la pairie anglaise. Les très grands services rendus à l’Angleterre par les lords sont particulièrement énumérés et constatés, etc…

Ce livre est avant tout impartial.

L’aristocratie à Sparte, l’aristocratie à Venise, l’aristocratie en Angleterre, sous ces trois formes, a souvent bien mérité de la démocratie et du progrès. Mais l’aristocratie, comme phénomène, veut être étudiée. L’Angleterre était son chef-lieu ; c’est sur l’Angleterre que l’auteurl’historien a dû fixer son regard.

De l’Angleterre tout est grand, même ce qui n’est pas bon ; même l’oligarchie, même l’aristocratie. Les très considérables et très réels services rendus par la pairie anglaise et l’Angleterre sont énumérés dans ce livre… L’auteur a dû constater de la sorte son impartialité.

Du reste, étudier l’aristocratie, l’étudier dans son chef-lieu qui est l’Angleterre…

Le seul vrai lecteur, c’est le lecteur pensif. C’est à lui que ce livre est adressé.

Peut-être ce lecteur découvrira-t-il dans ce livre plus d’un point de vue.

Le drame, — le roman c’est le drame hors cadre, — le drame comme la vie, comme la création, doit avoir plusieurs aspects et ouvrir plusieurs perspectives sans pour cela cesser d’être un.

L’unité se compose d’infini.

Au point de vue historique et politique, pour n’indiquer que celui-là, le vrai titre de ce livre serait l’Aristocratie.


Il n’y a de lecteur que le lecteur pensif. Toute œuvre digne de lui être offerte a, comme la vie et comme la création, plusieurs aspects et ouvre plusieurs perspectives sans pour cela cesser d’être une.

L’unité se compose d’infini.

Ce roman, cette histoire, ce drame, l’Homme qui Rit, s’il était ce que l’auteur l’a voulu faire, et s’il valait la peine d’être étudié, présenterait, à ceux qui aiment à méditer sur l’horizon mystérieux d’un livre, plus d’un point de vue.

Au point de vue historique et politique, pour n’indiquer que celui-là, son vrai titre serait l’Aristocratie.

De l’Angleterre tout est grand, même ce qui n’est pas bon ; même l’oligarchie. L’aristocratie anglaise c’est par excellence l’aristocratie. Pas de féodalité plus illustre, plus terrible et plus vivace.

C’est en Angleterre que le phénomène veut être étudié.


Et, à cette place, Victor Hugo indique au crayon :

Rattacher ici le projet de préface Monarchie et 93 (quelques lignes).

Enfin sur le dos d’un prospectus, avec cette indication au coin : la meil-