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L’HOMME QUI RIT

Le rond-point vitré était éclairé d’une lampe au plafond.

Le lord-chancelier, grave dans son haut fauteuil, avait à sa droite une table où était assis le clerc de la couronne, et à sa gauche une table où était assis le clerc du parlement.

Chacun des deux clercs avait devant soi un registre ouvert et une écritoire.

Derrière le fauteuil du lord-chancelier se tenait son massier, portant la masse à couronne. Plus le porte-queue et le porte-bourse, en grande perruque. Toutes ces charges existent encore.

Sur une crédence près du fauteuil il y avait une épée à poignée d’or, avec fourreau et ceinturon de velours feu.

Derrière le clerc de la couronne était debout un officier soutenant toute ouverte de ses deux mains une robe, qui était la robe de couronnement.

Derrière le clerc du parlement un autre officier tenait déployée une autre robe, qui était la robe de parlement.

Ces robes, toutes deux de velours cramoisi doublé de taffetas blanc avec deux bandes d’hermine galonnées d’or à l’épaule, étaient pareilles, à cela près que la robe de couronnement avait un plus large rochet d’hermine.

Un troisième officier qui était le « librarian » portait sur un carreau de cuir de Flandre le red-book, petit livre relié en maroquin rouge, contenant la liste des pairs et des communes, plus des pages blanches et un crayon qu’il était d’usage de remettre à chaque nouveau membre entrant au parlement.

La marche en procession que fermait Gwynplaine entre les deux pairs ses parrains s’arrêta devant le fauteuil du lord-chancelier.

Les deux lords parrains ôtèrent leurs chapeaux. Gwynplaine fit comme eux.

Le roi d’armes reçut des mains de Manteau-Bleu le coussin de drap d’argent, se mit à genoux, et présenta le portefeuille noir sur le coussin au lord-chancelier.

Le lord-chancelier prit le portefeuille et le tendit au clerc du parlement.

Le clerc vint le recevoir avec cérémonie, puis alla se rasseoir.

Le clerc du parlement ouvrit le portefeuille, et se leva.

Le portefeuille contenait les deux messages usités, la patente royale adressée à la chambre des lords, et la sommation de siéger[1] adressée au nouveau pair.

Le clerc, debout, lut tout haut les deux messages avec une lenteur respectueuse.

  1. Writ of summons.