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le mesurera, et surnagera. La civilisation trouvera le moyen de parer le déluge. Des points inaccessibles seront constatés, de vastes refuges seront établis, d’immenses procédés scientifiques, entrevus dès à présent, centupleront les forces et les ressources de l’homme. Tous les germes de civilisation seront abrités ; tous les testaments de l’esprit humain seront mis en sûreté. L’antiquité n’a pu sauver Orphée, l’avenir sauvera Homère.

Voici des notes prises sur place ; Victor Hugo les a crayonnées sur son carnet de poche, puis les a utilisées dans la deuxième partie de son roman : description de la tempête :

7 juin. — I heure 1/2 après-midi. — Tempête qui approche. Je suis sur le cap Dicart. Tout le ciel fond gris comme une grande ardoise. En travers, du sud au nord, un immense nuage blanchâtre transversal. Au point où il touche l’horizon, un vaste écrasement de vapeur rouge. Sorte de lueur sinistre diffuse. La mer, autre ardoise énorme. De petits nuages noirs, près de terre, volent en sens contraire du grand, comme s’ils ne savaient que devenir. Les oiseaux se cachent. Feux de peloton dans la nuée.

Pas de vent, pas de vagues ; pas une voile en mer. On sent de la trahison de l’infini.

La mère Vaudin passe et me dit : Il y a une petite barque qui vient de partir pour Guernesey. C’est grande pitié.

Le nuage crève. De larges araignées de pluie s’écrasent autour de moi sur le rocher. Je m’en vais. Au moment où je rentre à la maison, ouragan. Immenses tonnerres ’^'.

A part le petit dossier que nous venons de publier, nous n’avons pas trouvé, comme pour l’Homme qui rit et les Misérables, de nombreuses notes de travail éparses, mais en revanche nous déchiffrons sur un album de voyage la plus grande partie du plan des Travailleurs de la mer. Cet album, «acheté et commencé le 24 mai 1864» dit la première page, contient, à part de nombreux dessins étrangers au roman, des ébiuches de scènes, des bouts de dialogues, quatre cartes des îles tracée par Victor Hugo , notamment l’itinéraire du trajet suivi par la Durande à son retour à Saint-Malo. Un des croquis représente la maison visionnée, un autre nous montre Gilliatt debout sur le sommet de la grande Douvre, au-dessus de sa tête plane un cercle d’oiseaux de mer ; deux pages plus loin la silhouette de la Durande entre les deux hautes roches, et, dessous, cette remarque :

H maimciile énorme. Noire sur le ciel blanc.

L.a page qui est en reg.ird m’a servi pour la tempête qui est dans Gilliatt le Malin, (Note écrite le 26 février 1865.)

30.