Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome VI.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
182
LES MISÉRABLES. — JEAN VALJEAN.

Et il posa sur la table le paquet que la tante Gillenormand avait pris pour un livre.

Jean Valjean ouvrit lui-même le paquet ; c’était une liasse de billets de banque. On les feuilleta et on les compta. Il y avait cinq cents billets de mille francs et cent soixante-huit de cinq cents. En tout cinq cent quatrevingt-quatre mille francs.

— Voilà un bon livre, dit M. Gillenormand.

— Cinq cent quatrevingt-quatre mille francs ! murmura la tante.

— Ceci arrange bien des choses, n’est-ce pas, mademoiselle Gillenormand aînée ? reprit l’aïeul. Ce diable de Marius, il vous a déniché dans l’arbre des rêves une grisette millionnaire ! Fiez-vous donc maintenant aux amourettes des jeunes gens ! Les étudiants trouvent des étudiantes de six cent mille francs. Chérubin travaille mieux que Rothschild.

— Cinq cent quatrevingt-quatre mille francs ! répétait à demi-voix mademoiselle Gillenormand. Cinq cent quatrevingt-quatre ! autant dire six cent mille, quoi !

Quant à Marius et à Cosette, ils se regardaient pendant ce temps-là ; ils firent à peine attention à ce détail.