Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome V.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
ENRICHIES DES COMMENTAIRES…

IV

un cœur sous une pierre.


La réduction de l’univers à un seul être, la dilatation d’un seul être jusqu’à Dieu, voilà l’amour.




L’amour, c’est la salutation des anges aux astres.




Comme l’âme est triste quand elle est triste par l’amour !

Quel vide que l’absence de l’être qui à lui seul remplit le monde ! Oh ! comme il est vrai que l’être aimé devient Dieu. On comprendrait que Dieu en fût jaloux si le Père de tout n’avait pas évidemment fait la création pour l’âme, et l’âme pour l’amour.




Il suffit d’un sourire entrevu là-bas sous un chapeau de crêpe blanc à bavolet lilas, pour que l’âme entre dans le palais des rêves.




Dieu est derrière tout, mais tout cache Dieu. Les choses sont noires, les créatures sont opaques. Aimer un être, c’est le rendre transparent.




De certaines pensées sont des prières. Il y a des moments où, quelle que soit l’attitude du corps, l’âme est à genoux.




Les amants séparés trompent l’absence par mille choses chimériques qui ont pourtant leur réalité. On les empêche de se voir, ils ne peuvent s’écrire ; ils trouvent une foule de moyens mystérieux de correspondre. Ils s’envoient le chant des oiseaux, le parfum des fleurs, le rire des enfants, la lumière du soleil, les soupirs du vent, les rayons des étoiles, toute la création. Et pourquoi non ? Toutes les œuvres de Dieu sont faites pour servir l’amour. L’amour est assez puissant pour charger la nature entière de ses messages.

Ô printemps, tu es une lettre que je lui écris.