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LE BOIS DE LA SAUDRAIE.

prunelles bleues l’effrayante face velue, hérissée et fauve qui se penchait sur elle, et se mit à sourire.

Le sergent se redressa, et l’on vit une grosse larme rouler sur sa joue et s’arrêter au bout de sa moustache comme une perle.

Il éleva la voix.

— Camarades, de tout ça je conclus que le bataillon va devenir père. Est-ce convenu ? Nous adoptons ces trois enfants-là.

— Vive la République ! crièrent les grenadiers.

— C’est dit, fit le sergent.

Et il étendit les deux mains au-dessus de la mère et des enfants.

— Voilà, dit-il, les enfants du bataillon du Bonnet-Rouge.

La vivandière sauta de joie.

— Trois têtes dans un bonnet ! cria-t-elle.

Puis elle éclata en sanglots, embrassa éperdument la pauvre veuve, et lui dit :

— Comme la petite a déjà l’air gamine !

— Vive la République ! répétèrent les soldats.

Et le sergent dit à la mère :

— Venez, citoyenne.