étaient républicains. Les murmures de voix confuses cessèrent, on écouta, le crieur lut :
— « … En vertu des ordres à nous donnés et des pouvoirs à nous délégués par le comité de salut public… »
Il y eut un deuxième roulement de tambour. Le crieur poursuivit :
— « … Et en exécution du décret de la Convention nationale qui met hors la loi les rebelles pris les armes à la main, et qui frappe de la peine capitale quiconque leur donnera asile ou les fera évader… »
Un paysan demanda bas à son voisin :
— Qu’est-ce que c’est que ça, la peine capitale ?
Le voisin répondit :
— Je ne sais pas.
Le crieur agita le placard :
— « … Vu l’article 17 de la loi du 30 avril qui donne tout pouvoir aux délégués et aux subdélégués contre les rebelles,
« Sont mis hors la loi… »
Il fit une pause et reprit :
— « … Les individus désignés sous les noms et surnoms qui suivent… »
Tout l’attroupement prêta l’oreille.
La voix du crieur devint tonnante. Il dit :
— « … Lantenac, brigand. »
— C’est monseigneur, murmura un paysan.
Et l’on entendit dans la foule ce chuchotement : C’est monseigneur.
Le crieur reprit :
— « … Lantenac, ci-devant marquis, brigand. — L’Imânûs, brigand… » Deux paysans se regardèrent de côté.
— C’est Gouge-le-Bruant.
— Oui, c’est Brise-Bleu.
Le crieur continuait de lire la liste :
— « Grand-Francœur, brigand… »
Le rassemblement murmura :
— C’est un prêtre.
— Oui, monsieur l’abbé Turmeau.
— Oui, quelque part, du côté du bois de la Chapelle, il est curé.
— Et brigand, dit un homme à bonnet.
Le crieur lut :
— « … Boisnouveau, brigand. — Les deux frères Pique-en-Bois, brigands. — Houzard, brigand… »
— C’est monsieur de Quélen, dit un paysan.
— « Panier, brigand… »