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NOTES DE L’ÉDITEUR.

quelques renseignements sur son travail de révision, la voici :


La première chose que j’aurai à faire en me remettant au travail sera de relire le cahier réservé. Le travail est fait jusqu’au départ de Marius de chez son grand-père (feuillet S4). Faire le chapitre des jeunes gens. Le dossier principal (n° 1) est là, mais il faudra feuilleter le dossier n° 2. Il y aura là plusieurs questions à examiner. Peindre l’intérieur de la salle réservée aux républicains (les Amis de l’A B C), dans le café des écoles. La triple causerie : littéraire, politique, les dominos. — La grande scène entre Marius et Enjolras rend Marius pensif, mais l’effet n’en est complet que plus tard. Ne pas oublier que Marius passe à un état politique vague, plutôt selon l’humanité que selon le peuple.


Tout ce passage a été rayé quand Victor Hugo a utilisé les observations qu’il avait consignées.

Cette note est suivie de cette autre :


Ensuite il me restera à faire :

— La scène de la carrière — la situation politique après 1830 — Louis-PhilippeWaterloo — et la Prière (et les modifications au couvent).

Waterloo — Thénardier chacal — ôte Pontmercy de dessous les cadavres du ravin de la route d’Ohain à Braine l’Alleud pour le dépouiller et le voler — clair de lune — (pleine) lui vole sa bourse et sa montre. Le colonel se réveille et le prend pour un sauveur. Thénardier l’emporte sur son dos dans une cabane, et après lui avoir volé sa montre et sa bourse lui vole sa reconnaissance. (Plus tard il sera dit, c’est indiqué déjà, que Pontmercy se traîne d’ambulance en ambulance, guérit et gagne la Loire où étaient les débris de l’armée.) Pour ce qui est relatif à Thénardier revoir tout ce qui le concerne.

Revoir toute la barricade au point de vue des caractères des jeunes gens mieux indiqués.

Compléter l’évêque — faire un homme à la mer.

Compléter l’égout — compléter l’écrit laissé par Javert.

Compléter l’argot (forban, philosophe. Détails sur la carte d’espion de Javert. Pigritia est un mot terrible, etc.).

Enfin terminer par la division définitive et par les titres définitifs.


En travers de cette sorte de mémento on lit ces lignes :


J’écris cette note le 13 juillet 1861 au moment de quitter Mont-Saint-Jean et d’interrompre de nouveau mon travail pour ne le reprendre qu’à Guernesey.


Ces notes exigent quelques explications, et tout d’abord il n’y a pas la moindre contradiction entre ces notes du 13 juillet et la mention des carnets portant que, le 13 juin, les Misérables étaient terminés. Il s’agissait là d’un programme de révision, et puis il fallait rattacher Waterloo au roman et mieux fixer le rôle de Thénardier sur le champ de bataille. Ce programme de révision établit assez nettement, et en grande partie, la liste des chapitres qu’il a écrits en 1861 pour compléter son roman : et là encore nous avons une preuve que ses Misérables datent bien dans leur ensemble de 1845-1848.


On remarquera qu’à la fin de sa note Victor Hugo s’enquiert de la « division définitive » et des « titres définitifs » de son œuvre. C’est en effet une question qu’il avait agitée déjà dès le début. Sur une enveloppe au nom de Victor Hugo, pair de France, 6, place Royale, il avait donné cette division :


Histoire d’un saint.

Histoire d’un homme.

Histoire d’une femme.

Histoire d’une poupée.


On reconnaît là Mgr Myriel, Jean Valjean, Fantine, Cosette.

On trouvera encore cette autre indication :


Il faudra examiner la question des divisions.

Ainsi, bonne solution peut-être, diviser l’ouvrage en parties, les parties en livres, les livres en sections.

Chaque partie aurait un titre. Chaque