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NOTES DE L’ÉDITEUR.

pour l’évêque Myriel, pour Gillenormand, pour Marius, pour Gavroche, pour les Thénardier, pour les jeunes républicains ; la lecture d’un épisode lui en suggérait de nouveaux ; la similitude de certaines scènes les lui faisait remanier ou refaire. Dans ses notes, on le voit se critiquer lui-même ; il est attentif, exigeant, méticuleux.

Voici une première page de notes :


Compléter Gillenormand.

Approfondir Mabeuf

                    | commencer par là (19 oct.).

(Peut-être Waterloo — grand récit épique mêlé au roman.)

Peindre l’arrachement de Marius à son père en évitant les ressemblances avec l’arrachement et la douleur de Fantine perdant Cosette et de Jean Valjean perdant Cosette (J’ai commencé cette révision en juillet 1861).

Au lieu de mame Burgon : mame Burgon dite la mère Plutarque.

Approfondir les jeunes gens républicains.

Scène de la carrière.

Remanier tout le bonapartisme de Marius au point de vue démocratique et libéral.

(C’est fait et ce sera complété.)

Cosette ne peut entrer au couvent qu’en 1824 ; elle n’en doit guère sortir que sept ans après, vers 1831. Voir si cela s’accommode avec le reste. En ce cas-là tout se ferait en un an, la barricade étant de 1832[1]. Cosette aurait près de quinze ans quand elle serait vue pour la première fois au Luxembourg par Marius, et ce serait après la révolution de juillet 1830. Faire attention à ceci : ne vaudrait-il pas mieux que Cosette ne restât que cinq ans au couvent. Maintenir la sortie en 1829 et en ce cas changer en cinq les sept mille francs et dire éducation à peu près complète au lieu de complète. En ce cas-là Cosette sortirait du couvent à treize ans.

(C’est fait, vérifier encore.) [Juillet 1861.]


En travers de cette feuille, Victor Hugo écrit :

Il faudra relire avec soin la scène du bouge et en ôter Boulatruelle. Le remplacer par un vieux ivrogne voleur quelconque. Si on ne l’ôte pas, expliquer comment il se fait qu’il est libre à la fin dans le bois de Montfermeil.


Boulatruelle était le cantonnier de Montfermeil, terrassier et voleur qui faisait partie de la bande arrêtée par Javert dans le bouge. Il fallait lui rendre sa liberté puisqu’on le voit plus tard dans le bois de Montfermeil. On se rappelle comment Victor Hugo a tranché la difficulté : Boulatruelle étant en état d’ivresse dans la soirée du guet-apens, ne pouvait être accusé d’avoir participé à l’agression et bénéficia d’une ordonnance de non-lieu.


On rencontre aussi parfois des plans ébauchés et non exécutés écrits, comme celui-ci, sur un fragment d’enveloppe de la chambre des pairs. C’est un plan du récit de la mort de Bossuet et d’Enjolras.


Allons nous coucher, etc.




Tu es un misérable, s’écrie Enjolras. Tu excelles à donner des raisons basses pour ne pas faire les choses nobles. Tu souffles l’enthousiasme avec une mauvaise haleine.

Extinguit candelam cum bombo, dit Courfeyrac.

Bossuet dégrisé dit en souriant :

— Enjolras, nous nous couperons la gorge demain matin.

Tous deux meurent. Bossuet gai et héroïque. — Enjolras cherche la main de Bossuet : Pardonne-moi.


Ce plan, légèrement modifié dans le roman, se rapporte actuellement à Grantaire.

Nous trouvons encore sur une autre feuille, d’abord des variantes de noms : « Éponine, Azelma, Palmyre, Malvina ».

Puis des indications :

Ne pas oublier que Toussaint est bègue, ce qui fait qu’elle parle peu. Nicolette se moque de son bégaiement.

  1. Note de Victor Hugo : « Impossible, il y a un été, puis un hiver, puis un été. »