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LE MANUSCRIT DES MISÉRABLES.

Feuillet 609. — III. Mère Innocente.

Ce feuillet a été ajouté après coup ; il contient le quiproquo entre la prieure et Fauchelevent sur l’exclamation de celui-ci : Plus souvent !

Au même chapitre, les deux feuillets 615-616 remplis par la longue dissertation de Mère Innocente ont été intercalés entre les feuillets 614 et 617.


Feuillet 621. — IV. Où Jean Valjean a tout à fait l’air d’avoir lu Austin Castillejo.

Dans ce chapitre, très développé à Guernesey, c’est Jean Valjean qui a l’idée de sortir du couvent dans la bière ; il existe une autre version dont nous ne possédons malheureusement que deux feuillets séparés sur trois ; ces trois feuillets se reliaient à un brouillon écrit au verso du feuillet 573, nous avons déjà parlé de ce brouillon ; voici le texte de cette version ; une ligne de points remplacera le feuillet manquant :


[Des enjambées de boiteux sont comme des œillades de borgne ; elles n’arrivent pas vite au but.] Pourtant il ne fallut pas plus de six ou sept minutes à Fauchelevent pour revenir auprès de Jean Valjean.

Il aborda M. Madeleine avec cette grimace sagace et satisfaite qui résulte de la bouche pincée, des lèvres gonflées intérieurement, des deux jeux rapetisses par un clignement qui fait rire la patte d’oie, et de l’index de la main droite exécutant un trémolo devant le nez.

Après cette grimace qui signifiait : réussite, il commença en ces termes :

— Après ça, il y a une chose, c’est que le fossoyeur est un ivrogne. Ça, c’est pour nous. On le ferait boire. Maintenant, avez-vous peur de quatre planches de sapin ?

Jean Valjean ouvrit les yeux et regarda Fauchelevent.

— Vous comprenez ? dit Fauchelevent.

— Non.

— C’est pourtant simple.

Il n’est eau si trouble qui ne se filtre et si confuse explication qui ne se précise. Tout se débrouilla, non sans peine. Quand Fauchelevent eut jeté le trop-plein de son idée et de sa satisfaction, il devint intelligible. Il consentit à commencer par le commencement, et Jean Valjean, à force d’attention et de patience, et en saisissant ses paroles brin à brin, comprit ceci : une religieuse, très vénérée, était morte. Elle avait demandé à être ensevelie dans le cercueil qui lui servait de lit et à être enterrée dans le caveau du couvent sous l’autel, chose expressément défendue par les règlements de police. Les mères vocales avaient décidé qu’en dépit « du gouvernement », le vœu de la morte serait exécuté. Fauchelevent ferait l’inhumation en secret dans le caveau de la chapelle, et, pour le récompenser, la communauté admettrait dans le couvent son frère en qualité de jardinier, et sa nièce en qualité de pensionnaire. Son frère, c’est-à-dire M. Madeleine ; sa nièce, c’est-à-dire Cosette. Le lendemain, M. Madeleine et Cosette entreraient dans le couvent. Mais avant d’y entrer, il fallait en sortir ? Comment ferait-on ? Ce problème-là aussi était résolu. Fauchelevent emporterait Cosette dans sa hotte et sous sa bâche chez sa fruitière qui la garderait le temps qu’il faudrait. Il ferait cela la nuit, et tirerait Cosette de sa hotte dans le coin le plus désert de la rue des…