Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome IV.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
LES MISÉRABLES. — COSETTE.

couvent. Il est telle jeune femme qui, entrée dans le monde et après plusieurs années de mariage, n’était pas encore parvenue à se déshabituer de dire en toute hâte chaque fois qu’on frappait à sa porte : à jamais ! Comme les religieuses, les pensionnaires ne voyaient leurs parents qu’au parloir. Leurs mères elles-mêmes n’obtenaient pas de les embrasser. Voici jusqu’où allait la sévérité sur ce point. Un jour une jeune fille fut visitée par sa mère accompagnée d’une petite sœur de trois ans. La jeune fille pleurait, car elle eût bien voulu embrasser sa sœur. Impossible. Elle supplia du moins qu’il fût permis à l’enfant de passer à travers les barreaux sa petite main pour qu’elle pût la baiser. Ceci fut refusé, presque avec scandale.