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RELIQUAT
des
MISÉRABLES.




PRÉFACE.




diverses façons.



Tel est le titre inscrit par Victor Hugo sur un dossier. Nous détachons de ce dossier quelques fragments qu’on lira plus loin. Ils portent presque tous dans le coin de chaque feuille le mot : Préface. Mais avant de les reproduire, il est nécessaire de présenter quelques observations qui recevront ensuite tous leurs développements dans la notice historique.

Au moment où Victor Hugo conçut son roman, il en exposa le but en quelques lignes ; au fur et à mesure que l’idée se précisait d’après un plan entièrement tracé et peut-être même après l’achèvement des premiers chapitres, il ajouta dans son dossier de préfaces de nouvelles notes qui fixaient plus nettement ses intentions ; lorsque l’œuvre sera terminée, ou sur le point de l’être, le projet primitif s’étant considérablement transformé, sa pensée revêtira toujours, sous une forme concise, le caractère d’un avertissement à la société et d’un appel à la justice et à la pitié. De là des ébauches de diverses époques qui, n’ayant aucune connexité avec la grande préface philosophique datée de 1860, procèdent néanmoins de la même inspiration.

Nous ne pouvons attribuer des dates à certaines de ces notes que d’après l’écriture, le papier et le texte. Nous les diviserons de la façon suivante : 1o 1830 à 1834, époque de la conception du roman ; Victor Hugo n’en soupçonnait pas encore l’étendue, et la première partie devait contenir, comme on le verra plus tard, un chapitre très important intitulé : Manuscrit de l’évêque. 2o 1845 à 1851, le roman s’appelait les Misères. C’était l’histoire d’un misérable appelé d’abord Jean Tréjean, puis Jean Vlajean et enfin Jean Valjean. 3o 1860 à 1861, l’idée s’est agrandie et l’anecdote, accompagnée d’événements historiques, s’est élevée par la mise en scène de toutes les misères à la hauteur d’une épopée sociale. Le titre choisi depuis plusieurs années déjà sera les Misérables.

Dans la première ébauche, Victor Hugo garde une très grande réserve sur l’authenticité des personnages et des faits contenus dans le roman. Sont-ce des personnages réels ? les événements sont-ils le fruit de son imagination ? Il y a une sorte de parti pris de nous laisser dans l’incertitude. Or le premier projet peut être daté de 1830 environ ; nous avons retrouvé une note semblable comme écriture et comme papier sur l’évêque de Digne, M. de Miollis ; projet et note sont conformes aux manuscrits de Notre-Dame de Paris et de Marion de Lorme.