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un philosophe.

À ce qu’il paraît, dans le but de concourir à l’abolition de la peine de mort.

le gros monsieur.

Une horreur, vous dis-je !

le chevalier.

Ah ça ! c’est donc un duel avec le bourreau ?

le poëte élégiaque.

Il en veut terriblement à la guillotine.

un monsieur maigre.

Je vois cela d’ici. Des déclamations.

le gros monsieur.

Point. Il y a à peine deux pages sur ce texte de la peine de mort. Tout le reste, ce sont des sensations.

le philosophe.

Voilà le tort. Le sujet méritait le raisonnement. Un drame, un roman ne prouve rien. Et puis, j’ai lu le livre, et il est mauvais.

le poëte élégiaque.

Détestable ! Est-ce que c’est là de l’art ? C’est passer les bornes, c’est casser les vitres. Encore, ce criminel, si je le connaissais ? mais point. Qu’a-t-il fait ? on n’en sait rien. C’est peut-être un fort mauvais drôle. On n’a pas le droit de m’intéresser à quelqu’un que je ne connais pas.

le gros monsieur.

On n’a pas le droit de faire éprouver à son lecteur des souffrances physiques. Quand je vois des tragédies, on se tue, eh bien ! cela ne me fait rien. Mais ce roman, il vous fait dresser les cheveux sur la tête, il vous fait venir la chair de poule, il vous donne de mauvais rêves. J’ai été deux jours au lit pour l’avoir lu.

le philosophe.

Ajoutez à cela que c’est un livre froid et compassé.