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— Tu n’es plus bourreau du Drontheimhus ! j’annule ton diplôme ! reprend le chancelier poussant la porte avec violence.

Le chancelier ressaisit les lettres, les lit, les relit avec rage, s’enivrant en quelque sorte de son déshonneur, car ces lettres sont l’ancienne correspondance de la comtesse avec Musdœmon. C’est l’écriture d’Elphège. Il y voit qu’Ulrique n’est pas sa fille, que ce Frédéric si regretté n’était peut-être pas son fils. Le malheureux comte est puni par le même orgueil qui a causé tous ses crimes. C’est peu d’avoir vu sa vengeance fuir de sa main ; il voit tous ses rêves ambitieux s’évanouir, son passé flétri, son avenir mort. Il a voulu perdre ses ennemis ; il n’a réussi qu’à perdre son crédit, son conseiller, et jusqu’à ses droits de mari et de père.

Il veut du moins voir une fois encore la misérable qui l’a trahi. Il traverse les grandes salles d’un pas rapide, secouant les lettres dans ses mains, comme s’il eût tenu la foudre. Il ouvre en furieux la porte de l’appartement d’Elphège. Il entre…

Cette coupable épouse venait d’apprendre subitement du colonel Vœthaün l’horrible mort de son fils Frédéric. La pauvre mère était folle.