Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Roman, tome I.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXXII

Il a des pensées dans la tête qui vont jusqu’aux cieux.
Romances espagnoles.



L’âme a quelquefois des inspirations subites, des illuminations soudaines, dont un volume entier de pensées et de réflexions n’exprimerait pas mieux l’étendue, ne sonderait pas plus la profondeur, que la clarté de mille flambeaux ne rendrait la lueur immense et rapide de l’éclair.

On n’essaiera donc pas d’analyser ici l’impulsion impérieuse et secrète qui, à la proposition du jeune Norbith, jeta le noble fils du vice-roi de Norvège parmi des bandits qui se révoltaient pour un proscrit. Ce fut tout à la fois, sans doute, un généreux désir d’approfondir, à tout prix, cette ténébreuse aventure, mêlé à un dégoût amer de la vie, à un insouciant désespoir de l’avenir ; peut-être je ne sais quel doute de la culpabilité de Schumacker, inspiré par tout ce qu’offraient de louche et de faux les apparences diverses qui avaient frappé le jeune homme, par un instinct inconnu de la vérité, et surtout par son amour pour Éthel. Enfin, ce fut certainement une révélation intime du bien qu’un ami clairvoyant de Schumacker pourrait lui faire, au milieu de ses aveugles partisans.