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Et toi, pompeuse Babylone,
Toi qu’illustra Se’miramis,
Toi qui brisas devant ton trône
L’orgueil de cent rois ennemis ;
Tu n’es plus, merveille du monde ;
Le Temps, dans une nuit profonde,
T’a plongée, hélas ! pour toujours ;
En vain j’interroge .ta trace :
Mon œil ne peut trouver la place
Où s’élevaient tes vastes tours.

Le pouvoir du Temps se déploie
Jusque sur l’ouvrage des dieux.
Cité d’Hector, superbe Troie,
Où sont tes remparts orgueilleux ?
Tes palais, tant vantés d’Homère,
Perdant leur éclat éphémère.
Font place à des toits de pasteurs ;
Et, devenu ruisseau, le Xanthe,
Penché sur son urne pesante.
Pleure ses flots dévastateurs.

Quels sont ces immenses décombres,
Ces murs déserts et spacieux,
Ces remparts, ces portiques sombres.
Et ces palais silencieux ?
Là fut Carthage : sa puissance
Longtemps balança la vaillance
Des fiers enfants de Romulus ;
Carthage, en conquérants féconde.
Voulait donner des lois au monde.
Et Carthage déjà n’est plus.

Monuments de notre faiblesse,
Tyr, Numance, Persépolis,
Dans le gouffre où le Temps vous presse