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De nos aïeux, rentrant aux salles des festins,
Et, dégagés des mortelles entraves.
Buvant dans la coupe des braves
L’oubli des terrestres destins.
Mais hélas ! ma muse modeste
Ne sait pas chanter les héros.
Ni, les cheveux épars sous un crêpe funeste,
En de tristes accords gémir sur leurs tombeaux.

Cependant la chaste Diane
Descend de la voûte des cieux,
Sur un nuage diaphane
Glisse son disque radieux.
Déjà sa lueur vacillante
A l’approche du jour décroît et s’affaiblit ;
Déjà l’étoile scintillante
Sur le trône des airs pâlit
Et la nuit, repliant sa ceinture brillante.
Au sein des mers s’ensevelit)
Devant mes yeux dans la plaine riante ,
Tout s’anime, tout s’embellit.

L’aube a doré la rive orientale :
Son haleine rend l’air plus pur,
La jeune amante de Céphale
Des vives couleurs de l’opale
Du ciel a coloré l’azur.[1]
Longtemps enveloppé dans une nuit fatale.
Le lys, levant au ciel sa couronne royale.
Domine au loin sur l’empire des fleurs.
Et par la blancheur qu’il étale
Et par les doux parfums qu’exhale
Le sein voluptueux de son brillant pétale[2].

  1. Peint les vastes champs de l'azur. (Variante mise au bas du manuscrit.)
  2. Ce vers et les trois qui précèdent sont marqués d’une accolade avec cette note de Victor Ilugo en marge : Vers proscrits par Eugène à cause de pétale. (Note de l’Éditeur.)