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II

PROMENADE NOCTURNE.

Commencé en janvier 1817.
Achevé en mars 1817.


La cloche tremblante et lointaine
Six fois d’un son mourant a frappé les échos,
Et le mobile azur des flots
Reflète en vacillant la lueur incertaine
De l’astre argenté du repos.

Il est temps de quitter la rive,
Partons… au doux chant des oiseaux
Se mêle le doux bruit des eaux
Que rase en murmurant ma barque fugitive ;
Entre mes mains la rame est inactive,
Je prête une oreille attentive…
Déjà du ramier amoureux
Je n’entends plus la voix plaintive ;
Le bois, muet témoin de ses cris douloureux,
Comme la rive a fui devant mes yeux.
Mon esquif vole… plus j’avance,
Plus un morne et triste silence
Semble d’un crêpe obscur entourer ces beaux lieux…