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XXXV QU’ÊTES-VOUS ? — TU LE VOIS…


— Qu’êtes-vous ? — Tu le vois à notre robe. — Quoi ?
Les prêtres de Dieu ? -Non, les prêtres de la loi.
— De quelle loi ? Du maître. — Et qu’est le maître ? — Un homme.
On l’appelle empereur ici, césar à Rome.
Il est aigle de droit et de race’ vautour.’
Celui-ci fut jadis un criminel. Un jour
Il fit un serment, puis il s’embusqua derrière,
Puis, comme les voleurs la nuit dans la clairière,
Il sortit `brusquement, de sa cachette, et : prit’
A la gorge l’honneur, la probité, l’esprit,
La gloire, la vertu, la pudeur, la patrie,
Et les tua. D’abord, voyant la loi meurtrie,
Nous fîmes préparer la corde et le, gibet, `
Comptant bien. l’étrangler tout pet, s’il succombait.
Mais il a réussi, la rudesse est un vice,
Et chez lui maintenant nous sommes en service ;
A qui nous souffleta notre respect est dû ;
Il sied qu’il soit sacré, puisqu’il n’est. pas pendu ;
Nous faisons à présent pendre en son- nom les autres ;
Nous sommes les appuis de l’état, les apôtres
De l’ordre, et nous lavons les pieds du maître,.emploi
Utile, et le meilleur que puisse avoir- la loi ;
La clarté de cet homme éclaire notre livre ;
Car il est naturel et simple qu’on lui livre