Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/87

Cette page n’a pas encore été corrigée


Tous mes évêques, gros et gras, joignent leurs pattes,
Et font un hourvari de prières ; en vain.
Romieu le faune, en vain Bacciochi le sylvain
Soufflent éperdûment dans leurs buccins de cuivre ;
En vain Morny, buvant ; aimable, sanglant, ivre,
Sur son char attelé de tigres, passe au fond
Du hallier où Dodone avec Bondy se fond ;
Aux applaudissements des nymphes familières,
En vain, le thyrse en main, ventru, coiffé de lierres,
Baroche énorme et gai vient monté sur Nisard ;
En vain Delangle est bête, en vain Fould est gueusard ;
Je suis triste. Je sens du vague. Chaix-d’Est-Ange
M’ennuie ; et par moments je me-tourne : — Qu’entends-je ?
Est-ce leur pas ? vont-ils revenir, mes bannis ? —
Oh ! revenez ! Avril gazouille dans les nids,
Toutes les fleurs des bois mêlent leurs aromates,
Venez ! pontons, cachots, poucettes, casemates,
Cayenne, Lambessa, j’oublierai.tout. Venez !
Quand même on me mettrait-Fould en fleur sous le nez,
Quand Suin décolleté montrerait ses-épaules,
Quand Glandaz et Leboeuf, pleureurs comme ’deux saules,
Me chanteraient Dunois sur la muse de blé, —
Mon vide, je le sens ne serait pas comblé.
Il me faut mes proscrits, mes proscrits à moi. Certe,
Je suis grand, mais sans vous la patrie ést déserte.
Rentrez. Plus d’exil. Joie et chansons ! Doux émoi !
Vous me contemplerez ayant autour de moi
Boitelle, Martinprey, Forey, Magnan et Magne ;
Ainsi les’ douze pairs entouraient Charlemagne :
Vous verrez mon petit apprendre l’A'B C.
Voyons, finissons-en, liquidons le passé.
Vous étiez endormis ; j’ai surpris, vos vedettes.
Si l’on n’est empereur, comment payer ses dettes ?
Il le fallait Le Louvre exempte de Clichy,
Un parvenu n’est rien s’il n’est un enrichi.
Comprenez. Vous savez, il vous passe une idée.
La Françe était en vie et je l’ai poignardée,