Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/491

Cette page n’a pas encore été corrigée

TAS DE PIERRES


Un coeur peut, comme un monde, avoir eu son désastre ;
Alors, dans le passé, sans trouble et sans frayeur,
Le pâle souvenir creuse, âpre fossoyeur ;
De la fosse qu’il rouvre il fait sortir un astre.
[1864-1866.]

Forêt Noire
Le jeune chevrier rit dans les monts antiques ;
Et, traînant deux à deux des chariots rustiques,
Des boeufs inégaux vont sous les grands sapins verts,
Tristes d’être accouplés la tête de travers.
Album de voyage, 1840.

Voici que le matin, dont l’haleine est remplie
De brises qu’il répand sur la forêt qui plie,
Enfant vêtu de pourpre au sourire immortel,
Sur les étoiles d’or, flambeaux du grand autel,
Se hâte de souffler, comme un jeune lévite
Qui les éteint, de peur de les user trop vite.
[1834-1836]