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Ils font venir leurs familles ;
« Ils prodiguent à leurs filles
« Leurs caresses d’Attila ;
« .Puis ils bénissent le monde… -
« Et dis-moi donc, mer profonde,
« Qu’est-ce que nous faisons là ?

« Puisque tu ne sais pas même,
« Mer, gonfler ton flot suprême,
« Et l’emplir de Jéhovah,
« Et prouver que Dieu t’habite,
« Et faire une hydre subite
« De la couleuvre Néva ;

« Puisque l’eau que tu gouvernes
« N’ose entrer dans les cavernes,
« Que tu lui dis : Viens-nous-en !
« Puisqu’un trône est un refuge,
« Que toi, qui fus le déluge,
« Tu n’es plus que l’océan ;

« Puisque la justice boîte ;
« Puisque, moi, qu’en sa main droite
« Tient l’ouragan plein de bruit ;
« Moi dont l’abîme est l’ornière,
« La grande raison dernière
« Du mystère et de la nuit ;

« Puisque moi, la flamme ardente
« Qui sers de prunelle à Dante,
« La semeuse du trépas,
« Moi que fuit l’âme éperdue,
« Moi, la bombe inattendue
« Du mortier qu’on ne voit pas,