Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/416

Cette page n’a pas encore été corrigée


D’ombre, de vents, d’écueils, de démence et de bruit,
Et nous devons tâcher d’élever, dans la nuit,
L’âme humaine au niveau de cette âme divine.
Lier ce qu’on démontre avec ce qu’on devine,
Chercher l’aube à travers les mornes épaisseurs,
Telle est la fonction sévère des penseurs.
Au-dessous d’eux les noirs événements se brisent.
Et quant à ce que font, et quant à ce que disent
Tous ceux qui de régner commettent l’attentat,
Rois, empereurs, valets de la raison d’état,
Chefs d’armée ou de peuple, imans, vizirs, ministres,
Princes, tas monstrueux de tout-puissants sinistres,
Considérant les coeurs, les haines, les effrois,
Les faits; chaos farouche et plein d’obscures lois,
Et le flux et reflux formidable où nous sommes,
J’estime que l’effort énorme de ces hommes
Laisse à peu près la trace, en nos destins amers,
Que laisse un cri d’oiseau dans la rumeur des mers.

3 septembre 1872.

XCII PLANÈTES