Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIV.djvu/345

Cette page n’a pas encore été corrigée


Car l’éternel concert n’en est qu’à son prélude.
Celui qui fait la loi la réforme ou l’élude.
Des cieux il est l’auteur.
Et sait-on ce que Dieu, qui trompe notre *étude,
Dans sa toute-puissance et dans sa solitude,
Fait à cette hauteur ?

Qui nous répond de toi, Seigneur ? Qui sait encore
Si ton souffle un matin n’éteindra pas l’aurore,
A l’heure de venir ?
Le soleil est à Dieu. La terre ignore et rampe.
Qui sait si le travail qu’il fait à cette lampe
N’est pas près de finir?

Quand il aura fini Dieu l’éteindra sans doute.
Que ferons-nous alors dans l’ombré et .dans .le doute
Heurtant tous, nos essieux?
Qu’est-ce que tous ces chais qu’on appelle des mondes,
Et qui portent chacun tant de choses profondes
Deviendront dans les cieux ?

Aussi quand le soleil s’est éteint sur les-cimes;
Quand l’obscurité rampe au penchant des abîmes
Et du fond. monte au bord ;
Quand dans les lieux profonds la profondeur redouble ;
Quand le rêve au contour monstrueux, à l’oeil trouble,
De toute chose sort ;

Quand les ombres de tout par les bords se rencontrent ;
Lorsqu’un réseau de brume où cent formes se montrent,
Flotte, au vent dénoué ;
Quand le ciel où la nue à plis sombres se traîne
Laisse voir par endroits un peu de jour à peine
Comme un manteau troué ;