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V La France, ô mes enfants,


La France, ô mes enfants, reine aux tours fleuronnées,
Posait, sous l'empereur que votre aïeul servait,
 
Le bras droit sur le Rhin, le gauche aux Pyrénées,
Et ses pieds et sa tête avaient, ô destinées!
L'Océan pour lion, les Alpes pour chevet.

Austerlitz, Iéna, Friedland, météores,
Rayonnaient. Un seul homme enflammait tous les yeux;
Sa gloire, grandissant à toutes les aurores,
Se composait du bruit des trompettes sonores
Et des tambours joyeux.

Et l'Europe voyait brillér, vaincue et fière,
Dans ce camp, d'où sortaient la guerre et ses terreurs,
Autour de cette France en tous lieux la première,
Comme des moucherons autour d'une lumière,
Un groupe humilié de rois et d'empereurs.

Ces choses se passaient quand mon âme innocente
S'ouvrait, comme la vôtre, au soleil réchauffant;
Le léopard anglais rôdait, gueule béante,
César était debout, la France était géante,
Lorsque j'étais enfant;

Lorsque j'étais enfant, envié par les mères,
Libre dans le jardin et libre dans les bois,
Et que. je m'amusais, errant près des chaumières,
A prendre des bourdons dans les roses trémières
En fermant brusquement la fleur avec mes doigts.

Bois d'Andernach-sur-le-Rhin.

12 septembre 1840.

VI L'autre jour,