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Dieu lui donna tout, hors l'aumône
Qu'il fait à tous dans sa bonté;
Le ciel qui lui devait un trône
Lui refusa la liberté!

Oui,;ton aile que le bocage
Et l'air libre appellent en vain,
Se brise.aux barreaux d'une cage,
Pauvré grande âme, oiseau divin!

Bel ange, un joug te tient captive,
Cent préjugés sont ta prison,
Et ton attitude pensive,
Hélas, attriste ta maison.

Tu te sens prise par le monde
Qui t'épie, injuste et mauvais..
Dans ton amertume profonde

Souvent tu dis: si je pouvais!
Mais l'amour en secret te donne
Ce qu'il a de pur et de beau,
Et son invisible couronne,
Et son invisible flambeau!

Flambeau qui se cache à l'envie,
Qui luit, splendide et clandestin,
Et qui n'éclaire de la vie
Que l'intérieur du destin!

L'amour te donne, ô douce femme,
Ces plaisirs où rien n'est amer,
Et ces regards où toute l'âme
Apparaît dans un seul éclair!