Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIII.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée


- Oui, dit-elle, je suis jalouse de Flora!
Alors elle frappa du pied, gronda, pleura,
Eut des regards pareils au ciel quand il éclaire,
Fut terrible, et je vis une femme en colère;
Je n'avais pas eu d'elle encore un seul baiser,
J'espérai. Faut-il pas à la fin s'apaiser?
Il n'est point de courroux qui ne prenne la fuite.
Plus.le nuage est noir, plus l'azur revient vite.
Je l'admirais, couvant on ne sait quel dessein.
Elle ne voyait pas que je voyais son sein
Presque nu, la colère étant inattentive;
Les hommes sont friands de volupté furtive,
Nous sommes les voleurs des appas mal cachés;
L'hiatus d'un fichu sourit, plein de péchés;
Une belle irritée est encor notre proie;
Rêveurs, nous caressons celle qui nous foudroie;
Tout à coup elle vit mon regard. -Insolent!
Dit-elle. Et je repris: -Que votre bras est blanc!
- Non. -Vos yeux sont le ciel! ton sein est un prodige!
- Il me tutoie! -Hélas, je t'aime! répondis-je.
- Jamais! -Viens! -Oh! le monstre! -

Et ce que je conquis
Dans ce charmant accès de fureur, fut exquis.

21 juin 1878.