Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Poésie, tome XIII.djvu/112

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et puis un doux sourire, et puis la trahison!
Je n'en veux plus! adieu l'amour! j'ai ma raison!
C'est vil! c'est dégradant! c'est affreux! c'est infâme!
Je ne veux de ma vie approcher d'une femme!

Que diriez-vous si Pierre en ces mots vous parlait:
- C'est un malheur de voir, car le monde est fort laid.
Les lunettes parfois grossissent fort les choses.
Les yeux craignent le froid, le chaud, les amauroses,
Les fraîcheurs, les amours trop vifs ou trop rassis,
Sans compter l'ophtalmie et la trichiasis.
Si quelqu'un, dans un duel pour des filles qu'on lorgne,
Vous crève un oeil, cela suffit pour qu'on soit borgne.
L'oignon vous fait pleurer, et quand il fait du vent,
La poussière dans l'oeil vous éntre fort souvent;
Pour peu qu'on boive un coup, on s'expose à voir double.
Un trop grand jour vous blesse, un trop faible vous trouble;
Voir clair est un péril étrange et sérieux.
Fort bien: je vais me faire arracher les deux yeux!

XII J'étais le songeur qui pense