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De l'épée et du sceptre, exterminant, broyant,
Allant à travers tout à leur but effrayant!
Oh! la toute-puissance a Caïn pour ancêtre.
Rien qu'à voir par éclairs les siècles apparaître,
Quels règnes inouïs! que d'étranges lueurs!
Voici les idiots à côté des tueurs.
Zam, s'éveillant trop tard, met l'aurore à l'amende;
Claude égorge sa femme et puis la redemande;
Bajazet veut lier les vents à des poteaux;
Xercès fouette la mer, Phur crache sur l'Athos;
Pillage, trahison, vol, parjure, homicide;
Ici le parricide et là l'infanticide;
Pères dénaturés, fils en rébellion;
Octave usurpe, opprime, égorge, et dans Lyon
Soixante nations lui bâtissent un temple;
La Flandre est un bûcher que Philippe contemple;
Léon dix en riant étrangle un cardinal;
Maxence après Galère apparaît infernal;
Voilà Sanche, abruti d'ivresses funéraires;
Celui-ci, Mahomet, tua ses dix-neuf frères;
Après avoir frappé son père, Manfredi
S'assied dessus jusqu'à ce qu'il soit refroidi;
Les Transtamares font revivre les Orestes;
Achab fait ramasser sous sa table ses restes
Par des hommes sans mains, sans pieds, sans dents, sans yeux;
Caïus triomphe avec du sang jusqu'aux essieux;
Richard d'York étouffe Édouard cinq; Ramire
Le Mauvais est mauvais, mais Jean le Bon est pire;
Sélim, tout effaré de débauche et d'encens,
Court dans Stamboul, perçant de flèches les passants;
Zeb plante une forêt de gibets à Nicée;
Christiern fait tous les jours arroser d'eau glacée
Des captifs enchaînés nus dans des souterrains;
Galéas Visconti, les bras liés aux reins,
Râle, étreint par les noeuds de la corde que Sforce
Passe dans les oeillets de sa veste de force;
Cosme, à l'heure où midi change en brasier le ciel,