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L’orageux cheval pour le mors,
Tous les escaliers pour descendre,
Oui pour non, le feu pour la cendre,
La mémoire pour le remords ?
D’où viennent les soirs, les aurores,
Les flots enflés, les flots décrus,
Les déluges, les météores,
Ces apparus, ces disparus !
Pourquoi le miracle Nature
Contient-il l’effroi, la torture,
Le mal, sur l’homme se courbant ?
Le mal a-t-il le bien pour tige ?
Ou serait-ce que le prodige
Tombe, et devient monstre en tombant ?
Quand dans les forêts forcenées
Court l’ouragan,. ce furieux
Arrache-t-il à nos années
Quelque lambeau mystérieux ?
L’arbre, qui -sort d’une fêlùre,
A-t-il en bas sa chevelure
Qui plonge au globe rajeuni ?
Penseurs, têtes du ciel voisines,
Vos cheveux sont-ils les racines
Par où vous puisez l’infini ?

Est-ce l’effroi des cieux horribles
Que je sens, en moi palpiter.
A de certains moments, terribles,
Où le monde semble hésiter ?
Aux heures où la terre tremble,
Quand la nuit s’accroît, quand il semble
Qu’on voit le flot noir se gonfler,
Quand la lune s’évade et. rampe,
Quand l’éclipse sur cette lampe,
Masque. sinistre, vient souffler ! .