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Oh dis ! pourquoi toujours regarder sous la terre,
Interroger la tombe et chercher dans la nuit ?
Et toujours écouter, penché sur une pierre,
Comme espérant un bruit ?

T’imagines-tu donc qué ceux que nous pleurâmes
Sont là couchés sous l’herbe attentifs à nos pas ?
Crois-tu donc que c’est là qu’on retrouve les âmes ?
Songeur, ne sais-tu pas

Que Dieu n’a pas voulu, lui qui règne et dispose,
Que la flamme restât quand s’éteint le flambeau,
Et que l’homme jamais pût mettre quelque chose,
Hélas ! dans le tombeau !

Ne sais-tu pas que, l’âme une fois délivrée,
Les fosses, dévorant les morts qu’on enfouit,
Se remplissent d’une ombre effrayante et sacrée
Où tout s’évanouit !

Tu te courbes en vain, dans ta douleur amère,
Sur le sépulcre noir plein des jours révolus,
Redemandant ta fille, et ton père, et ta mère,
Et ceux qui ne sont plus !

Tu te courbes en vain. Ainsi que sous la vague
Un plongeur se fatigue à chercher des trésors,
Tu tâches d’entrevoir quelque figure vague
De ce que font les morts.